Entre exorcisme, évocation et soin, l’art contemporain tourne autour des seins
A l’Espace Arlaud, à Lausanne, la Fondation Francine Delacrétaz en faveur des personnes atteintes du cancer du sein présente jusqu’au 10 novembre, la cinquième édition de l’exposition «Des Seins à Dessein»
On dirait un sein, mais cette «poitrine» surgit du mur comme une épine, pointue, capable – qui sait? – de vous blesser, malgré sa douceur apparente, sa couleur chair, ses courbes. Thorn, l’œuvre ambiguë de Manon Wertenbroek, ouvre, en trois exemplaires, l’exposition Des Seins à Dessein qui se tient à l’Espace Arlaud à Lausanne. Thorn souligne la beauté de cette partie du corps, mais rappelle aussi – indirectement – que c’est, souvent là, au sein, que le cancer attaque. En face, Pointer, une sculpture en forme de seringue rose fushia installée par le duo RM évoque à son tour la vulnérabilité et le soin. Un étage plus haut, des créatures imaginées par Gina Proenza tirent carrément la langue à la maladie (L’Ami naturel, 2017). Non loin de là, Alfredo Aceto se met en scène, lui aussi, en train de tirer la langue dans Egg-Human I, 2022.
N’est-ce pas une armure qui luit un peu plus loin? Une sorte de cotte de mailles, faite en crochet, d’un fil iridescent, qui semble offrir de quoi se protéger… C’est You are everything, des silhouettes blanches, scintillantes et sans doute magiques créées par Emma Lucy Linford. Le public avance ainsi, découvrant les œuvres de 48 artistes contemporains, interpellé, secoué, amusé parfois, absorbé, oscillant entre angoisse et réparation, entre exorcisme et beauté, entre élan vital et perte. Le rose chair, fluo ou fushia, revient de proche en proche, mais le noir, lui aussi, est bien présent.